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Marion Vorms

Marion Vorms est maîtresse de conférences en philosophie  à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle conduit ses recherches à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques et est membre junior de l’Institut universitaire de France. Ses recherches relèvent de la philosophie des sciences, mais font usage de méthodes interdisciplinaires. Depuis sa thèse de philosophie en 2009, elle a acquis une formation post-doctorale en psychologie cognitive expérimentale à Londres (UCL, 2011-2012, Birkbeck, 2015-2018) et réalisé un master 2 de droit (Paris 2, 2022).

Le thème unificateur de ses travaux est celui du raisonnement sur les faits (ou raisonnement « probatoire »), c’est-à-dire la manière dont nous utilisons les informations hétérogènes, incomplètes et incertaines dont nous disposons quand nous cherchons des réponses à des questions de fait, le plus souvent en vue d’une prise de décision. Elle s’intéresse en particulier aux différents sens que peut revêtir l’expression « doute raisonnable ».

Ses projets actuels s’articulent autour de trois grands thèmes.

Premièrement,  elle s’intéresse au raisonnement probatoire dans le contexte judiciaire. Elle aborde cette question dans la triple perspective de la philosophie des sciences (il s’agit par exemple de comparer les pratiques et règles de confirmation et les standards de preuve dans les sciences empiriques avec ce qui se passe au tribunal, ainsi que de renouveler l’analyse épistémologique du témoignage à la lumière de la preuve testimoniale au tribunal, du droit (elle étudie comment différentes contraintes procédurales affectent le raisonnement des juges et des jurés), et de la psychologie du raisonnement (il s’agit de tester expérimentalement différentes hypothèses sur les processus inférentiels impliqués dans le raisonnement sur les faits et les preuves). Elle rédige actuellement un ouvrage sur le droit de la preuve français, à paraître aux Éditions du Seuil sous le titre De toute évidence. Faits, preuves, procès. Elle y propose une analyse critique dans une perspective épistémologique et comparative.

La deuxième grande question dont Marion Vorms s’occupe est celle du statut et du rôle de l’expertise scientifique dans la prise de décision publique et individuelle : comment les scientifiques peuvent-ils et doivent-ils communiquer les conclusions irréductiblement incertaines qui peuvent être tirées de l’état actuel de la recherche ? Quels standards de preuve devraient régir leur responsabilité en matière d’affirmations (et dans quelle mesure cela dépend-il de l’enjeu des décisions en jeu) ? Comment être utile et pertinent sans être paternaliste ? Comment informer sans prescrire ? Au cours de ces trois dernières années, elle a conduit, avec Isabelle Drouet et Anouk Barberousse, une enquête approfondie sur le rôle des informations scientifiques dans le procès du Mediator. L’ouvrage issu de cette enquête paraîtra aux PUF sous le titre Le Procès du Mediator. Une enquête philosophique sur le rôle des informations scientifiques au tribunal.

Enfin, la partie la plus abstraite de son travail est consacrée à l’étude des croyances – leur formation et leur dynamique ; elle combine ici l’analyse philosophique classique (sur le doute, le changement de croyance, mais aussi sur la valeur probante du témoignage) et les expériences psychologiques. Le cadre épistémologique large de ce travail est celui d’une remise en cause des explications courantes de phénomènes apparemment irrationnels en psychologie sociale (persistance des rumeurs, « biais de confirmation », propagation des fake news), explications qui en appellent à l’existence de biais cognitifs et autres limitations fondamentales débouchant sur des infractions caractérisées aux normes de la rationalité.

Retrouvez son intervention à la journée des sciences sociales en vidéos :

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