Le travail à distance. Défis, enjeux et limites.
La pandémie de Covid-19 et ses confinements successifs ont soudainement et durablement implanté le télétravail dans les pratiques des entreprises et des administrations. Jusqu’alors marginal, et souvent très partiel, le travail à distance a été généralisé et poussé à sa limite pour tous les emplois qui le permettaient. En 2020, le télétravail intégral a ainsi touché un tiers de la main d’œuvre en France, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Après ce choc brutal, un retour au statu quo ante est improbable. D’abord parce que chacun a compris qu’il était possible de télé-travailler au moins quelques jours par semaine. Ensuite parce que ce changement a été l’occasion d’une accélération de la transformation digitale de l’entreprise, de l’expérience du télé-enseignement, de l’extension de la sociabilité à distance, de la massification des achats en ligne, etc. Avec cette expansion de « la vie à distance », les activités humaines sont-elles en cours de déterritorialisation ? Comment se noueront les liens sociaux dans un monde où une grande partie de la vie et des interactions seront numériques ? Cette tendance sera-t-elle l’occasion d’une relocalisation de la population dans les zones rurales ou les petites villes qui, depuis des années, se vidaient au profit des métropoles ? Et au niveau international, va-t-elle pousser la délocalisation de la production un cran plus loin, mettant en concurrence les travailleurs de tous les pays, désormais à distance digitale identique de tout employeur ? Enfin, comment appréhender les nouveaux modes d’organisation du travail au sein d’espaces numériques gouvernés par des algorithmes ? Jusqu’où accepter le « management algorithmique », qui n’est désormais plus l’apanage des seules entreprises-plateformes comme Uber ou Amazon, mais concerne désormais les entreprises traditionnelles ? Le télétravail soulève à l’évidence de nombreuses questions.