Emanuela Canghiari est docteure en Anthropologie sociale et en Ethnologie, diplômée de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris (EHESS). Elle est actuellement chercheuse post-doctorante au musée quai Branly-Jacques Chirac et membre de l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain (IIAC-UMR 8177).
Dès la licence, effectuée à l’Université de Bologne (Italie), elle s’est intéressée aux aspects symboliques et socio-économiques du pillage de tombes au Pérou. Son travail a ensuite porté sur le circuit illicite des objets archéologiques, donnant une attention toute particulière à la dimension historique et globale des enjeux qui y sont associés.
Ce travail a donné lieu à une reconstitution des trajectoires multiples des céramiques précolombiennes, de leur « production » (la fouille clandestine) à leur « consommation » (l’exposition), en passant par leur don, vente et contrefaçon. Le regard centré sur les pratiques considérées comme profanes, permet de restituer les stratégies d’appropriation des vestiges et les usages revendicatifs du discours patrimonial de la part d’un réseau d’acteurs divers : fouilleurs clandestins, intermédiaires, collectionneurs, faussaires, guérisseurs, communautés porteuses, touristes, institutions muséales, etc.
Cette approche permet d’interroger les régimes de valeurs patrimoniaux au-delà de leurs critères normatifs ; il engage, autrement dit, une réflexion sur la lutte des savoirs et des pouvoirs, sur l’autorité et les instances de légitimation. De plus, ce type de recherche en milieu informel oblige le chercheur à s’interroger sur ses propres postures. Emanuela Canghiari s’est ainsi attachée à adosser son travail à une démarche réflexive, portant sur la question de l’éthique et de la méthodologie dans la recherche ethnographique.