Appel à candidatures : Les mutations du travail
Digitalisation, robotique, travail en réseau, industrialisation des services, ubérisation, gestion par les instruments, néo-management… Ces notions et beaucoup d’autres évoquent les multiples visages des mutations du travail. Tout se passe comme si le travail encadré par les métiers et les qualifications, par une organisation du travail stable, par un contrat salarial solide et par un système de relations professionnelles établi, était en train de disparaître au profit de nouvelles formes de travail et d’emploi, comme si les figures centrales de la grande industrie et de l’organisation bureaucratique étaient désormais en voie de disparition. Bien souvent, cette mutation est associée à une dégradation des conditions de travail dénoncées par des mobilisations et de très nombreuses enquêtes mettant en lumière le stress et la souffrance au travail, la fin des communautés de travail, la précarisation généralisée, l’éclatement des univers professionnels et les clivages du marché du travail entre ceux qui ont une place dans ce nouveau monde et ceux qui n’en trouvent pas, entre ceux dont le travail s’enrichit et ceux dont le travail se dégrade.
Cette inquiétude se comprend d’autant mieux que les mutations du travail affectent tous les domaines d’activité sans que ces changements apparaissent comme des choix positifs, des progrès visant à améliorer les conditions de travail ; le plus souvent, ils semblent être subis et se présentent comme des réponses aux contraintes imposées par le capitalisme financier et par la mondialisation. Ces nouvelles formes d’activité et de management, ces contrats plus précaires, s’inscrivent aussi dans une situation de chômage endémique qui en accentue les dimensions angoissantes pour de nombreux salariés.
Pourtant, si le pessimisme peut être compris, il n’est certainement pas la meilleure manière d’analyser la révolution dans laquelle nous sommes engagés. Derrière les désordres et les frustrations, de nouveaux métiers et d’autres manières de travailler se constituent et nous devons essayer de les décrire et de les expliquer afin de savoir dans quels mondes du travail nous entrons et, peut être, pour mieux les maîtriser. C’est en ce sens que la recherche est indispensable.
Il est possible d’évoquer quelques thèmes sans limiter l’imagination des chercheurs intéressés par cette question (v. projet scientifique).
Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont concernées par cette proposition : le droit, l’économie et la sociologie, mais aussi l’anthropologie, l’histoire et la géographie ainsi que les sciences de la gestion et l’ergonomie.
Les bourses s’adressent aux chercheurs ou enseignants en début ou milieu de carrière. Sont éligibles les personnes de toute nationalité et tout statut, rattachées à des institutions de recherche françaises (même si elles exercent à l’étranger) ou européennes, ayant moins de 50 ans (nées après le 15 juillet 1967) et titulaires d’une thèse de doctorat.
Nourries de données, menées selon des méthodes innovantes, les contributions devront être déposées auprès de revues à comité de lecture. Parallèlement, une version destinée à un plus large public sera présentée en novembre 2018 lors de la sixième journée des sciences sociales et fera également l’objet d’une publication dans l’ouvrage collectif de la Fondation. L’évènement sera précédé de trois journées de travail au cours desquelles les lauréats seront invités à discuter de leur projet d’article et à se former à la prise de parole.
Vous retrouvez bientôt les biographies et photos des lauréats de la session 2018.